Depuis huit ans, je côtoie quotidiennement des tout-petits en crèche. La maladie pieds-mains-bouche fait partie de ces affections virales que je rencontre régulièrement, surtout au printemps et en été. Cette pathologie, bien que généralement bénigne, inquiète souvent les parents. Je vous propose de faire le point sur cette infection virale qui touche principalement les enfants de moins de 5 ans.
Qu’est-ce que la maladie pieds-mains-bouche et comment se transmet-elle ?
La maladie pieds-mains-bouche est une infection virale très contagieuse mais bénigne qui touche principalement les jeunes enfants. Elle est causée par des entérovirus, le plus souvent par le coxsackievirus de type A16 ou l’entérovirus A71. J’observe qu’elle survient généralement entre le printemps et le début de l’automne dans notre région méditerranéenne.
Cette affection se transmet très facilement dans les collectivités d’enfants par :
- Contact direct avec les sécrétions nasales et buccales
- Gouttelettes de salive (toux, éternuements)
- Contact avec le liquide des vésicules cutanées
- Contact avec les selles d’une personne infectée
- Objets et surfaces contaminés (jouets, poignées)
La transmission est particulièrement facilitée en crèche où les enfants partagent jouets et espaces communs. La période de contagiosité débute deux jours avant l’apparition des symptômes et atteint son maximum pendant la première semaine de maladie. Dans mon expérience en structure collective, je constate que le virus peut persister plusieurs semaines dans les selles (jusqu’à 18 semaines), ce qui explique la propagation rapide entre enfants.
Contrairement à certaines idées reçues, cette pathologie n’a aucun lien avec la fièvre aphteuse qui touche uniquement les animaux comme les moutons, les porcs ou les bovins. Il s’agit de deux maladies totalement différentes.
Quels sont les symptômes caractéristiques du syndrome pieds-mains-bouche ?
Après une période d’incubation de 3 à 7 jours (parfois jusqu’à 10), les symptômes apparaissent progressivement. Dans mon quotidien avec les enfants, je repère généralement cette maladie par la présence de plusieurs signes caractéristiques :
Les premiers symptômes ressemblent souvent à un état grippal :
• Fièvre modérée à élevée (38°C-40°C)
• Maux de gorge parfois intenses
• Diminution de l’appétit
• Irritabilité inhabituelle
• Malaise général
Puis apparaissent les lésions caractéristiques qui donnent son nom à la maladie :
Localisation | Aspect des lésions | Caractéristiques |
---|---|---|
Bouche | Vésicules et ulcères douloureux | Rendent l’alimentation difficile |
Mains | Papules et vésicules grisâtres | Principalement sur les doigts et paumes |
Pieds | Éruptions similaires à celles des mains | Surtout sur la plante et les orteils |
Autres zones | Éruptions possibles | Fesses, genoux, coudes, zone génitale |
Je remarque que les lésions buccales sont généralement les plus inconfortables pour les enfants. Elles rendent la déglutition douloureuse, ce qui peut entraîner un refus de s’alimenter ou de boire. Dans la bouche, les vésicules évoluent rapidement en petits ulcères très douloureux qui peuvent ressembler à des aphtes.
À noter que l’intensité des symptômes varie considérablement d’un enfant à l’autre. Certains ne présentent que quelques lésions isolées tandis que d’autres développent une éruption plus généralisée.
Comment traiter le syndrome pieds-mains-bouche chez l’enfant ?
Cette maladie guérit spontanément en 7 à 10 jours sans traitement spécifique. Il n’existe ni antiviral efficace ni vaccin contre cette affection. Les antibiotiques sont inutiles car il s’agit d’une infection virale. Le traitement vise donc uniquement à soulager les symptômes.
Dans ma pratique auprès des jeunes enfants, je recommande aux parents plusieurs approches pour soulager leur petit :
- Pour la douleur et la fièvre : Le paracétamol est le médicament de choix, en respectant la posologie adaptée au poids de l’enfant. J’évite systématiquement l’aspirine chez les enfants en raison des risques de syndrome de Reye.
- Pour faciliter l’alimentation : Je conseille des aliments froids, mous et non acides comme les yaourts, les crèmes glacées, les purées ou les compotes. L’eau fraîche soulage souvent les douleurs buccales.
- Pour les lésions cutanées : Un lavage doux avec un savon neutre, en tamponnant sans frotter. Les gels ou pommades contenant du zinc peuvent aider à assécher les vésicules.
- Pour l’hygiène bucco-dentaire : Maintenir une hygiène douce avec une brosse à dents souple et un dentifrice non mentholé.
L’hydratation reste la priorité absolue, même si l’enfant refuse de manger. J’incite les parents à proposer régulièrement de petites quantités de liquide frais pour éviter la déshydratation.
Pour les lésions buccales particulièrement douloureuses, des solutions anesthésiantes locales (lidocaïne) peuvent être prescrites par le médecin pour soulager temporairement l’inconfort et faciliter l’alimentation.
Durée, évolution et prévention de la maladie
L’évolution de cette maladie suit généralement un schéma prévisible. La phase aiguë dure environ une semaine, avec une fièvre qui cède habituellement en 3-4 jours. Les lésions cutanées des mains et des pieds disparaissent en 4 à 7 jours, tandis que les ulcérations buccales peuvent persister jusqu’à deux semaines.
J’observe souvent une particularité après la guérison : une desquamation (peau qui pèle) au niveau des mains et des pieds. Plus rarement, certains enfants peuvent présenter une chute des ongles (onychomadèse) 4 à 12 semaines après l’infection, mais les ongles repoussent normalement.
En matière de prévention, mon expérience en collectivité m’a appris quelques règles essentielles :
• Lavage des mains rigoureux et fréquent, surtout après les changes et avant les repas
• Désinfection régulière des surfaces et des jouets
• Limitation des contacts directs entre enfants malades et autres enfants
• Enseignement des gestes « barrières » adaptés à l’âge (tousser dans son coude)
• Éviction temporaire de la collectivité pendant la phase aiguë de la maladie
Bien que cette maladie ne fasse pas partie des maladies à éviction obligatoire, je conseille généralement aux parents de garder leur enfant à domicile tant que les vésicules sont présentes et que l’état général est altéré. Non seulement pour limiter la contagion, mais aussi pour offrir à l’enfant un environnement plus confortable pendant sa convalescence.