Peur de l’abandon bébé : A quel âge ça commence et comment le rassurer ?

Camille Duret

Bébé

Dans ma pratique quotidienne auprès des tout-petits, je rencontre souvent des parents inquiets face aux pleurs de leur bébé lors des séparations. Ces moments peuvent être déchirants, tant pour les parents que pour l’enfant. À la crèche, j’observe cette étape cruciale du développement chez presque tous les enfants. Comprendre ce phénomène permet de mieux accompagner les familles et de rassurer les petits qui traversent cette phase sensible.

Qu’est-ce que l’angoisse de séparation chez le bébé ?

L’angoisse de séparation, aussi appelée « angoisse du 8ème mois » ou « peur de l’abandon », représente une étape normale et nécessaire dans le développement émotionnel et cognitif de l’enfant. Je constate régulièrement que cette phase survient lorsque le bébé commence à comprendre qu’il est distinct de ses parents.

Cette prise de conscience s’accompagne d’anxiété quand le petit est séparé de ses figures d’attachement principales. Il s’agit en fait de l’acquisition progressive de la notion de permanence de l’objet – cette compréhension que les personnes continuent d’exister même lorsqu’elles ne sont plus visibles. Avant cette acquisition, quand le parent quitte le champ de vision du bébé, celui-ci peut penser qu’il a disparu définitivement.

Lors des adaptations en crèche, j’explique toujours aux parents que cette angoisse témoigne d’un attachement sain. Elle montre que le bébé a créé des liens forts et qu’il développe sa perception du monde et des relations. Malgré les difficultés qu’elle peut engendrer, cette étape contribue à la construction des mécanismes de défense nécessaires pour l’avenir.

Type d’angoisseCaractéristiquesIntervention nécessaire
Angoisse de séparation normalePhase développementale temporaire qui s’atténue progressivementAccompagnement parental bienveillant
Trouble anxieux de séparationAnxiété excessive et persistante durant plus de 4 semainesConsultation d’un professionnel de santé

À quel âge apparaît la peur de l’abandon et combien de temps dure-t-elle ?

Dans mon travail auprès des tout-petits, j’observe que l’angoisse de séparation apparaît généralement vers 8-9 mois pour la plupart des bébés. Pourtant, elle peut commencer dès 4-6 mois chez certains enfants plus sensibles. Cette phase atteint habituellement son pic d’intensité entre 10 et 18 mois, période où les manifestations sont souvent les plus marquées.

La durée de cette phase varie considérablement selon les enfants. En général, je constate qu’elle s’étend sur:

  • Quelques semaines à plusieurs mois
  • Une diminution progressive dans la seconde moitié de la deuxième année
  • Une disparition vers l’âge de 2-3 ans dans la majorité des cas
  • Des manifestations qui peuvent persister ou réapparaître ponctuellement jusqu’à 4 ans

À la crèche, j’explique aux parents que chaque enfant vit cette étape à son rythme. Certains la traversent en quelques semaines, tandis que d’autres prennent plus de temps. Il est important de ne pas comparer les enfants entre eux, mais de respecter la temporalité propre à chacun. En accompagnant quotidiennement les tout-petits, je remarque que la confiance s’installe progressivement, et que même les enfants les plus anxieux finissent par s’adapter.

Peur de l’abandon bébé : A quel âge ça commence et comment le rassurer ?

Comment reconnaître les signes de l’angoisse de séparation ?

Dans ma pratique professionnelle, j’observe différentes manifestations de l’angoisse de séparation. Ces signes peuvent varier d’un enfant à l’autre, mais certains comportements reviennent fréquemment :

Les réactions face aux personnes sont souvent les premières alertes. Le bébé peut manifester un raidissement ou un inconfort en présence de personnes peu familières. Il peut craindre les étrangers, même des personnes qu’il voit régulièrement, et refuser catégoriquement d’aller dans les bras d’autres personnes que ses parents. J’observe souvent un attachement excessif au parent référent, généralement celui qui passe le plus de temps avec l’enfant.

Lors des séparations, les manifestations sont généralement plus évidentes:

  1. Pleurs ou crises lorsque le parent quitte la pièce
  2. Agitation et surveillance constante des mouvements du parent
  3. Tentatives de suivre le parent qui s’éloigne
  4. Refus de jouer ou de s’alimenter après le départ du parent

Le sommeil est également impacté par cette angoisse. En crèche, je remarque souvent des difficultés d’endormissement et des réveils plus fréquents pendant cette période. Certains bébés qui faisaient leurs nuits recommencent à se réveiller, cherchant la présence rassurante du parent.

Stratégies pour aider votre bébé à surmonter sa peur de l’abandon

Face à l’angoisse de séparation, j’ai développé plusieurs approches qui fonctionnent bien avec les enfants que j’accompagne. La clé est de créer un environnement sécurisant et prévisible qui aide l’enfant à développer sa confiance.

Établir des rituels de séparation clairs est essentiel. Je conseille aux parents de créer une routine brève mais chaleureuse pour les au revoir. Il est important de dire explicitement au revoir, même à un très jeune bébé, et d’éviter de partir en cachette. Cette transparence montre à l’enfant qu’il peut faire confiance à l’adulte.

L’utilisation d’objets transitionnels s’avère très efficace. Un doudou, une peluche ou un foulard avec l’odeur du parent peut offrir un réconfort précieux. Dans mon quotidien professionnel, je constate que ces objets aident vraiment les enfants à se sentir en sécurité pendant l’absence de leurs parents.

Pour les séparations nocturnes, qui peuvent être particulièrement difficiles, je recommande de maintenir une routine du coucher constante et rassurante. Laisser la porte entrouverte et maintenir des bruits familiers du quotidien peut aussi aider l’enfant à se sentir moins isolé.

La pratique de séparations graduelles est une autre stratégie que j’utilise régulièrement. Commencer par de courtes séparations et augmenter progressivement la durée permet à l’enfant de comprendre que le parent revient toujours. Les jeux de « coucou-caché » sont d’excellents exercices pour illustrer ce concept de manière ludique.

À travers mon expérience avec les tout-petits, j’ai appris que la patience et la constance sont nos meilleures alliées face à l’angoisse de séparation. Cette phase développementale, bien que parfois éprouvante, est temporaire et contribue à construire les bases de la confiance et de l’autonomie future de l’enfant.

A propos de l'auteur :

Camille Duret

Éducatrice de jeunes enfants en crèche Camille travaille depuis plus de 8 ans en crèche auprès de tout-petits de 0 à 3 ans. Éducatrice de jeunes enfants à Montpellier, elle accompagne les familles dans le développement et l’éveil des bébés au quotidien. Sur ansamble-et-moi.fr, elle partage des conseils pratiques, des idées d'activités d’éveil et ses astuces pour traverser en douceur les grandes étapes des premiers mois de bébé.

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